Quand nous allons en formation alors que nous savons quoi et comment faire…

Nombreux sont ceux qui suivent des formations en "soft skills" sur des thématiques telles que la communication (interpersonnelle, assertivité, prise de parole en public, gestion de l’agressivité…), la gestion du temps ou du stress.

Quand est demandé aux participants de formaliser ou d’expliquer les compétences clés, les processus ou le résultat idéal, la plupart des participants savent pertinemment bien quoi et comment faire. Mais pourquoi ne le font-ils donc pas ?

« Je le sais bien, mais je n’y arrive pas ! »
« C’est comme si c’était plus fort que moi »
« J’arrive à conseiller mes collègues ou mes amis, mais quand il s’agit de moi… »

Les méthodes, attitudes et résultats escomptés sont souvent très beaux : moralement et socialement désirables, efficaces en regard de l’objectif annoncé, économiques en énergie par rapport aux procédés initialement utilisés et considérés comme "défaillants, énergivores, malsains, peu efficaces, et d’autres qualificatifs peu sympathiques".

Il est tout bonnement "évident" qu’il est préférable

  • d’être calme plutôt que de crier sur son collègue,
  • de pouvoir se respecter en disant non plutôt que de dire oui et de se ronger toute la nuit suivante,
  • de focaliser son énergie sur une tâche spécifique et de bien la réaliser plutôt que de s’éparpiller et de s’épuiser.

Et pourtant… Si pour changer, nous pouvions nous contenter de savoir.

Derrière nos objectifs idéaux, se cachent en miroir les avantages cachés de nos "mauvaises habitudes" et les inconvénients des "solutions" ou des objectifs.

Ainsi, la personne qui se sent utile en répondant toujours positivement aux demandes qui lui sont faites (alors que cela la met en défaut par ailleurs) et qui n’est pas prête à perdre ces instants de gratitude et de reconnaissance, préfèrera pester des heures sur elle et les autres pour ne pas avoir osé refuser, plutôt que de devenir assertive. Cependant si elle n’est pas conscience de cela, et du choix implicite ou inconscient qui contribue à cette situation, elle restera paralysée dans ce paradoxe, entre colère et tristesse.

Nous avons donc tout intérêt à oser questionner quels sont les avantages des problèmes que nous n’arrivons pas à solutionner et à avoir le courage de choisir nos priorités et donc des difficultés qui en découlent, ou à prendre la responsabilité de rester dans cette inconfortable ambivalence.

Le formateur, comme accompagnateur du changement, sera attentif à mettre en lumière ces freins au changement et à conscientiser ses participants en les invitant à relever les différents enjeux, parfois apparemment contradictoires, qui peuvent les immobiliser. Le formateur, comme coach, les accompagnera dans l’élaboration d’une formule qui puisse rencontrer un maximum de leurs enjeux et/ou dans le deuil de certains d’entre eux en leur proposant de prioriser leurs objectifs et de choisir consciemment leur chemin. Responsables de leurs choix, les participants pourront se réapproprier leur actualité et traverser leurs difficultés un peu plus sereinement.

Magali Pierre, formatrice et consultante au CFIP, mai 2019